Threads contre Twitter : un examen critique des titans des médias sociaux concurrents

B. A Cisse & I. S. Oyelami

"La concurrence c'est bien, la triche non", a déclaré Elon Musk en réponse au lancement de Thread, une plateforme appartenant à Meta, le conglomérat de Mark Zuckerberg qui englobe Facebook, Instagram et WhatsApp. Ce lancement récent est sur le point de devenir un sujet de discussion durable, atteignant potentiellement une importance dans les annales de l'histoire technologique moderne. Alors que le monde continue d'explorer les diverses possibilités offertes par le ChatGPT de pointe d'OpenAI, le secteur technologique se retrouve à nouveau dynamisé par l'introduction de Threads, gracieuseté du géant américain Meta.

Threads a fait une marque remarquable avec son lancement le 5 juillet, rassemblant 100 millions d'utilisateurs en seulement cinq jours, dépassant le record de deux mois de ChatGPT et laissant son concurrent, Twitter, à la traîne avec une portée de quatre ans. Dans l'avancée technologique actuelle, la concurrence entre Threads et Twitter, qui devient bientôt légale, est un choix élargi pour certains et un jeu d'échecs stratégique entre Twitter et Meta (ou Elon Musk et Mark Zuckerberg) pour d'autres. Pendant ce temps, certains observateurs férus de technologie voient comme évident que ces deux sociétés sont aussi liées que deux branches du même arbre. Cependant, quelles autres choses disent ces compétitions ?

Historique rapide

L'influence et l'impact immenses du Web 2.0, caractérisé par le contenu généré par les utilisateurs, les réseaux sociaux et les applications Web interactives, ne peuvent être surestimés. Ce pouvoir de transformation a commencé à se concrétiser lorsque Mark Zuckerberg, un décrocheur de Harvard, a perturbé le paysage en ligne avec la création de Facebook en 2004. Les plateformes de médias sociaux sont apparues comme des connecteurs d'amis et de familles, et malgré de nombreuses autres applications entrant sur le marché et échouant par la suite, le concept a continué à prospérer. En 2006, Twitter a été créé, offrant des fonctionnalités concises et interactives qui ont acquis une popularité considérable. Bien qu'il ne corresponde pas à la base d'utilisateurs de Facebook, il a créé un environnement capable d'influencer les masses dans différents pays. Twitter est devenu une plateforme privilégiée pour les jeunes, les entreprises, les politiciens et les célébrités. Ses fonctionnalités notables telles que les hashtags et les sujets tendance ont facilité la navigation et l'engagement des utilisateurs.

Le succès de Twitter a indéniablement suscité des sentiments d'envie chez ses concurrents. Même Facebook a tenté de rivaliser avec Twitter en incorporant des fonctionnalités clés telles que des hashtags et des sujets tendance. Cependant, le manque d'interaction en temps réel de Facebook a entravé sa capacité à suivre le rythme. Dans le contexte d'une économie capitaliste, cette rivalité n'est pas inattendue. Il convient de noter en particulier l'acquisition par Meta de WhatsApp, une application de messagerie de premier plan, et d'Instagram, une application photo-vidéo de premier plan, qui a consolidé son contrôle sur une partie importante des utilisateurs de médias sociaux, à l'exception de la sphère d'influence de Twitter. Cependant, un autre aspect de l'ère du Web 2.0 se présentera pendant l'administration Trump et les crises du Covid-19. Cette période a été témoin d'incidents de « fausses nouvelles » et d'un contrôle accru sur le contenu généré par les utilisateurs. Twitter a joué un rôle important dans la régulation du flux d'informations lors de crises régionales telles que l'affaire George Floyd, le mouvement #EndSARS au Nigeria et les attaques d'Israël, entre autres. L'expulsion de l'ancien président américain Donald Trump de la plateforme a démontré l'immense pouvoir de Twitter. Par la suite, il y a eu un désir généralisé de posséder les capacités influentes de Twitter pour contrôler l'agenda politique.

Ainsi, la plate-forme détient sans aucun doute une immense influence politique et publique comme on le voit dans différents événements. L'attention a été attirée sur leur rôle dans la formation de l'opinion publique et la mobilisation des mouvements sociaux. Dans le même ordre d'idées, la lutte pour l'argent et le pouvoir reste un moteur de la concurrence qui s'y oppose. Ainsi, il est doté du pouvoir de façonner les récits, d'influencer le sentiment public et d'influencer les processus décisionnels qui déterminent en fin de compte la trajectoire des sociétés et le mode de vie des gens.

La compétition

Donald Trump, qui n'était pas étranger à l'influence de Twitter, a fait un pas significatif contre la plateforme en lançant Truth Social en février 2022. Cette plateforme a gagné environ deux millions d'utilisateurs, principalement composés de partisans de Trump et de sympathisants de droite qui perçoivent Twitter comme biaisé dans la suppression de certaines opinions. Le débat entourant la liberté d'expression sur Twitter s'est intensifié au cours de la même année. Fait intéressant, au cours de cette période de discours intensifié, Elon Musk, connu pour ses aventures dans le matériel technologique et le développement spatial, a fait une acquisition surprenante de Twitter. Musk a exprimé son intention de "libérer l'oiseau", indiquant son désir de remédier aux limitations perçues de la liberté d'expression sur la plate-forme.

Elon Musk, bien qu'il prétende être ouvert aux opinions de gauche comme de droite, a fait l'objet d'une propagande médiatique de gauche et a eu plusieurs confrontations avec eux, souvent jouées sur Twitter. Cependant, ce n'est pas sa supposée neutralité politique, ses confrontations avec la culture d'annulation ou son manque de soutien à la communauté LGBTQ + qui ont intensifié sa controverse dans le monde technologique américain et mondial dirigé par les libéraux. Au lieu de cela, c'était sa stratégie de monétisation pour Twitter.

Dans le domaine Twitter d'Elon Musk, l'idéologie prend le pas sur le gain monétaire. Pour seulement 8 $ par mois, n'importe qui peut obtenir une coche bleue vérifiée et se présenter comme une autorité sur divers sujets. Les privilèges accordés à ces comptes vérifiés ont transformé Twitter en un environnement quelque peu chaotique, ce qui a frustré de nombreux utilisateurs. Ce mécontentement a créé l'occasion idéale pour quelqu'un comme Mark Zuckerberg d'introduire une alternative. Par conséquent, en juillet 2023, Zuckerberg a dévoilé sa nouvelle application, Threads, une idée qu'il avait conçue dès 2020.

L'arrivée de Threads

Le moment du lancement de Threads est en effet opportun, en particulier compte tenu du mécontentement croissant face à la limitation irréaliste du nombre de tweets qu'un individu peut lire en une journée. Un avantage notable que Threads possède sur ses concurrents, en particulier Twitter, est sa solide base de données. Meta, dirigé par Mark Zuckerberg, possède déjà certaines des plus grandes bases de données au monde, permettant une création de compte transparente sur Threads via les pages Instagram existantes des utilisateurs. De plus, Zuckerberg aurait recruté d'anciens employés de Twitter qui avaient été licenciés ou avaient démissionné pendant le mandat de Musk. On pense que ces personnes ont joué un rôle important dans la reproduction de l'expérience Twitter au sein de Threads.

Bien que Threads améliore certaines fonctionnalités par rapport à Twitter, comme un nombre de caractères étendu de 500 (par rapport aux 280 de Twitter) et une durée de lecture vidéo accrue jusqu'à 5 minutes (par rapport aux 2 minutes 20 secondes de Twitter), il manque toujours des éléments cruciaux tels que la messagerie directe et les fonctionnalités de tendance et de hashtag de Twitter. Bien que le scepticisme entoure la nouvelle plate-forme, de nombreux utilisateurs sont enthousiastes et tirent déjà le meilleur parti de son potentiel.

Conclusion

En cette ère de progrès technologiques et d'attentes changeantes des utilisateurs, la bataille entre Threads et Twitter représente un match d'échecs stratégique non seulement entre individus, mais quelque chose qui peut être étendu à des entités et des blocs idéologiques en Occident. Malheureusement, les masses naïves peuvent être intimidées en pensant qu'une partie se bat pour elles plutôt que l'autre. La réalité est que ces individus ne font qu'agiter le drapeau de ce qu'ils représentent. Les mois ou années à venir verront une série d'actions que chaque entreprise entreprendra pour dominer le marché. L'évolution des événements affectera certainement nos vies, pour le meilleur ou pour le pire. En tant qu'utilisateurs, il est prudent de dire que le véritable résultat de cette bataille est entre nos mains. La popularité d'une plate-forme ne devrait pas être le facteur déterminant dans notre choix ; en tant qu'individus, nous devons considérer ce qui nous favorise le mieux et représente nos valeurs et nos intérêts.

L'histoire de l'affrontement silencieux entre ces deux géants de la technologie et d'autres rivaux a commencé il y a longtemps et continue de se dérouler. Cela est d'autant plus vrai que le duo devrait aller au-delà du Web 2.0 et se plonger dans les technologies de l'IA. Quoi qu'il en soit, il convient de rappeler que la morale de cette histoire, ce sont les données ! Meta a gagné en puissance car il possède l'une des plus grandes bases de données au monde. Avec ses différents réseaux sociaux, l'entreprise a la capacité d'affiner ses algorithmes pour répondre aux besoins des gens.

Cependant, seul le temps nous dira si Threads réussira à rivaliser avec Twitter ou s'il échouera comme beaucoup d'autres applications avant lui. L'avenir de ces plateformes est incertain, et c'est à nous, en tant qu'individus, de naviguer judicieusement dans ce paysage, en tenant compte de ce qui nous profite vraiment et représente nos valeurs.

*Traduit de l'anglais par Zaid Adam Cheik