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Politique

Guyana : Qui se cache derrière le futur conflit en Amérique du Sud ?

Muhammed Shaaban Ayyub*

Le 3 décembre dernier, le président vénézuélien Maduro a organisé un référendum dans le but d’annexer les deux tiers de la région de l’Essequibo, qui constitue une partie importante du Guyana britannique situé au nord-est, à son propre pays. Cette région comprend une grande partie de la rivière Essequibo qui se déverse dans l’océan Atlantique. Selon les résultats du référendum, 95% des Vénézuéliens ont approuvé l’inclusion de cette région dans leur pays. Le peuple, dirigé par Maduro, affirme que cette campagne devrait permette de reprendre la région aux envahisseurs. Cependant, pourquoi le Venezuela cherche-t-il à annexer les deux tiers d’un pays voisin indépendant ? Cette déclaration ne serait-elle pas perçue comme une attaque contre la souveraineté du Guyana ?

 

               La réalité est que l’histoire de la région nous donne des réponses claires sur les raisons qui ont poussé le Venezuela à prendre cette décision. Historiquement, les Espagnols occupaient principalement le continent, bien que la colonisation par les Pays-Bas, la France et l’Angleterre ait commencé plus tard. L’Espagne considérait que le Venezuela contenait la région d’Essequibo et a repris ce territoire aux Pays-Bas à plusieurs reprises. Finalement, un accord a été conclu en 1777 avec des frontières tracées entre les deux Etats, et la rivière Essequibo a été désignée comme frontière.

               Cependant, en raison de la présence britannique dans la région, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas ont conclu un accord bilatéral en 1814 pour régler la situation des colonies. Selon cet accord, la Grande-Bretagne a étendu son influence dans cette région, allant même jusqu’à la rivière Essequibo. Cette agrandissement a provoqué des désaccords avec le Venezuela depuis cette époque , et la région contrôlée par les Britanniques a été officiellement appelée Guyane britannique.

               Cette situation a amené des milliers d’Africains et d’Indiens dans la région, faisant de la Guyane un pays parmi les nations de la Commonwealth où l’anglais est parlé.

               Cependant, la volonté du Venezuela de récupérer les deux tiers de la Guyane ne se limite pas à la libération de territoires occupés, mais repose également sur l’importance économique de ces terres riches et peu peuplées. Ce petit pays contient de grandes quantités d’or et de diamants et, en 2015, d’énormes réserves de pétrole et de gaz y ont été découvertes, contribuant ainsi à son développement économique. Cela signifie que le Venezuela sous la direction de Maduro, en raison des stricts embargos imposés par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et les pays occidentaux sur ses exportations de pétrole, est devenu un pays pauvre confronté à de graves crises telles que l’effondrement économique, la dépréciation de la monnaie nationale, le chômage, la pauvreté, les coupures d’électricité, l'insuffisance d’infrastructures et une inflation élevée.

                              Bien que 95% des Vénézuéliens aient demandé la récupération de leurs territoires saisis lors du référendum, pourquoi le Venezuela a-t-il envoyé maintenant son armée à la frontière guyanienne contre la situation actuelle qui dure depuis le XIXe siècle ?

               Ce mouvement a trois principales raisons :

Première raison : L’économie de la Guyana a connu une croissance importante grâce à la découverte de pétrole dans les eaux de la région d’Essequibo. L’année dernière, elle a atteint 58% de son produit intérieur brut local. On prévoit que d’ici 2027, la production pétrolière devrait atteindre la production actuelle de Venezuela, ce qui constitue un développement important étant donné que la population du Guyana ne compte que 800 000 habitants. Selon des sources américaines, la Guyana a travaillé de manière coordonnée dans la région d’Essequibo et a accordé à des entreprises américaines et britanniques le droit d’exploiter ce pétrole. Cette situation a conduit le gouvernement vénézuélien à déposer une plainte aux Nations Unies il y a deux mois.

               Deuxième raison : Les élections présidentielles au Venezuela auront lieu en octobre prochain, et l’opposition interne au Venezuela est unie contre cette politique qui représente une continuité du régime de Maduro. Cette politique est une extension de celle du précèdent dirigeant Hugo Chavez, qui avez érigé une barrière contre les ambitions de l’Amérique et de l’Occident, plaçant le poids du pays aux cotés de nations indépendantes telles que la Russie, la Chine, l’Iran, la Turquie et l’Afrique du Sud. A travers ce référendum, Maduro veut augmenter ses chances électorales en étant le principal défenseur de l’unité du Venezuela et en soulignant la nécessité de récupérer les territoires occupés, tout cela à travers le référendum.

               Troisième raison : Cette raison est liée aux conflits mondiaux en Ukraine, à Gaza, en Afrique et en Asie du Sud-Est dans le cadre des conflits géopolitiques mondiaux. Ce conflit fait partie d’un jeu d’échecs entre la Russie et la Chine d’une part, et l’Amérique et le camp occidental d’autre part. Si l’Amérique a déclenché le conflit en Ukraine dans le but d’affaiblir la Russie, il semble que les Russes demandent à leurs alliés, dont Maduro, de lancer une guerre sur le front de la Guyane britannique en réponse à cette guerre.

               Ceci est une stratégie utilisée à un moment où l’Amérique et Israël sont engagés dans la guerre à Gaza, et font face à une menace sérieuse de la part de la Chine à l’échelle mondiale. Cependant, des doutes subsistent quant à la capacité de Maduro et de l’armée vénézuélienne à envahir la Guyana, car la puissance militaire du Royaume-Uni et des Etats-Unis est derrière la Guyana.


*Traduit de l'anglais par Hümeyra Hayta  

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