Mohammad Nadimur Rahman
Le parti au pouvoir, la Ligue Awami du Bangladesh dirigée par Sheikh Hasina, a été contraint de se retirer du pouvoir le 5 août 2024, après que des étudiants à travers tout le pays sont descendus dans les rues pour demander la démission du régime. Après la chute du régime, un nouveau gouvernement intérimaire a été formé le 8 août 2024 sous la direction du Dr. Muhammad Yunus, lauréat du prix Nobel et figure renommée dans le pays. Le Dr Yunus occupera le poste de principal conseiller de ce gouvernement intérimaire, tandis que d'autres personnalités apolitiques, telles que des militaires retraités, des fonctionnaires et deux représentants étudiants, serviront temporairement comme conseillers. Comment ces événements se sont-ils déroulés et que peut-on attendre dans les jours à venir ?
La Voie Vers La Chute Du Pouvoir
Depuis le début du mois de juillet 2024, le mouvement des quotas, organisé par les étudiants, s'est transformé en une grande mobilisation pour la démission du gouvernement Bangladais. Le 5 août 2024, des manifestants venus de tout le pays ont convergé vers la capitale, Dacca, et ont marché vers Gonobhaban, la résidence officielle du Premier ministre, dans ce qu'ils ont appelé la "marche pour la justice". Les manifestants ont réussi à pénétrer dans Gonobhaban, ce qui a marqué la fin du gouvernement.
Le régime de Sheikh Hasina a non seulement fait face à une opposition massive au sein du pays, mais aussi à l'échelle internationale. Des membres de la diaspora Bangladaise au Moyen-Orient, en Malaisie, à Singapour et dans d'autres pays ont pris des mesures significatives pour soutenir les protestations contre le gouvernement. Les travailleurs Bangladais à l'étranger ont annoncé qu'ils cessaient d'envoyer de l'argent au Bangladesh, en signe de soutien aux efforts pour renverser le gouvernement. Ils ont décidé de suspendre les transferts d'argent tant que le régime actuel ne démissionnerait pas.
Ces transferts de fonds représentent une source majeure de croissance économique et de réserves de devises pour le Bangladesh. Par conséquent, la diminution des transferts de fonds a entraîné une baisse significative des revenus migratoires. Par exemple, entre le 19 et le 24 juillet, les revenus migratoires ont chuté à 70 millions de dollars, alors qu'ils étaient d'environ 70 millions de dollars par jour entre le 1er et le 18 juin. Cette situation montre que si les travailleurs continuent de ne pas envoyer d'argent, le secteur des transferts de fonds au Bangladesh pourrait s'effondrer de manière significative.
Cependant, ce n'était que le début. En plus des manifestants, le grand public s'est également rassemblé à Gonobhaban pour exiger la chute du régime en place. Le peuple est même entré dans le bâtiment du Parlement pour symboliser la fin du régime. Toute la nation a célébré ce moment historique avec une immense ferveur, comme s'il s'agissait d'un nouveau jour de l'indépendance. De plus, après la chute du gouvernement, les travailleurs ont repris leurs transferts d'argent, et le secteur est en voie de retrouver sa vigueur d'antan.
Événements Sanglants Sous Le Règne De Sheikh Hasina
La Ligue Awami du Bangladesh, dirigée par Sheikh Hasina, était déjà au pouvoir en 1973 et 1996. Cependant, après les élections controversées de fin 2008, le parti est resté au pouvoir sans interruption pendant 15 ans. Cette période a été marquée par des événements sanglants. Peu de temps après son arrivée au pouvoir, une grande révolte a éclaté les 25 et 26 février 2009 au quartier général du BDR à Pilkhana, à Dacca. Cet événement est passé à l'histoire comme une mutinerie menée par une partie des Forces paramilitaires du Bangladesh (BDR), chargées de protéger les frontières du pays. Pendant la révolte, les soldats mutins du BDR ont pris le contrôle du quartier général de Pilkhana, tuant brutalement 57 officiers de l'armée et 17 civils.
Bien qu'il n'y ait pas de preuve définitive impliquant le gouvernement dans ce massacre, certaines sources affirment que la Première ministre et d'autres hauts responsables n'ont pas répondu aux appels désespérés à l'aide en provenance du quartier général du BDR. Si cette attaque avait été prévenue, une perte de vies aussi importante aurait pu être évitée. En 2010, suite à une modification constitutionnelle, les Forces paramilitaires du Bangladesh ont été renommées Gardes-frontières du Bangladesh (BGB) sous la loi des Gardes-frontières du Bangladesh.
Répression De l'Opposition
Sous le gouvernement de la Ligue Awami dirigé par Sheikh Hasina, la répression contre l'opposition s'est intensifiée après l'arrivée au pouvoir. En particulier, une attitude sévère a été adoptée contre le plus grand parti islamiste du Bangladesh, la Jamaat-e-Islami. À partir de la 2010, le chef de la Jamaat et d'autres hauts dirigeants ont été arrêtés sous divers chefs d'accusation. Accusés de crimes tels que l'atteinte aux sentiments religieux, le vandalisme et la destruction massive, ces leaders ont été condamnés à de longues peines de prison.
Ces dirigeants ont été jugés pour crimes contre l'humanité commis pendant la guerre de libération de 1971. Bien que des organisations internationales des droits de l'homme comme Amnesty International et Human Rights Watch aient constamment remis en question le manque de transparence dans ces procès, le gouvernement a poursuivi l'exécution des leaders de la Jamaat les uns après les autres.
Le gouvernement de la Ligue Awami a montré une attitude extrêmement dure et impitoyable envers les dirigeants de l'opposition. Il a fait disparaître plusieurs d'entre eux, et personne ne savait s'ils étaient encore en vie. Certains ont été retrouvés en bonne santé, d'autres morts, tandis que le sort des autres reste inconnu.
Par exemple, deux dirigeants de Shibir, l'aile étudiante de la Jamaat-e-Islami, Ibnul Parvez et Shejib, ont été enlevés par la police et leurs corps ont ensuite été retrouvés dans la rue. Les fils de ces deux dirigeants enlevés ont été retrouvés vivants et en bonne santé après la chute du régime. Cependant, pendant environ huit ans, il était impossible de savoir s'ils étaient vivants ou morts. De même, de nombreuses familles de dirigeants de l'opposition vivent toujours dans l'incertitude quant à la survie de leurs proches.
Le mouvement des quotas a déclenché la chute du régime, mais en juillet 2018, les étudiants du pays se sont de nouveau soulevés contre le gouvernement. Cette fois, ils demandaient la sécurité routière pour les piétons. La manifestation a commencé après la mort de deux étudiants et la blessure de 10 autres dans un accident de la route.
L'événement a pris de l'ampleur suite aux attaques de la police et de l'aile étudiante de la Ligue Awami, le Chhatra League. En conséquence, 97 étudiants ont été arrêtés et environ 200 personnes ont été blessées. Les étudiants ont demandé la mise en place de règles strictes de circulation, l'application de ces règles et la sanction des contrevenants.
Le gouvernement a décidé de mettre en œuvre de nouvelles règles de circulation, de déclarer une semaine de la sécurité routière et de modifier le système de recrutement et de rémunération des conducteurs d'autobus. Après cela, les étudiants ont accepté de mettre fin à leur protestation le 8 août 2018.
À quoi S'Attendre Au Bangladesh Après Hasina ?
Après la chute du régime Hasina, les Bangladais, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, ont exprimé une grande joie. Mais que peuvent-ils attendre du nouveau gouvernement intérimaire dirigé par le Dr Muhammad Yunus ? Les attentes envers le nouveau pouvoir sont la garantie des droits fondamentaux, des droits de l'homme et de la justice. En outre, la liberté d'éducation, la liberté de religion, la liberté d'expression et la liberté de parole sont également exigées.
Si le nouveau régime réussit à protéger et à garantir ces droits et libertés civils fondamentaux, il a une chance de gagner la confiance de toute la nation. Le peuple espère que cette nouvelle ère sera le début d'une gouvernance juste.
**Traduit de l'anglais par Zaid Adam Cheik
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